Ne dites pas à ma mère que je suis féministe

Publié le par pomme de bruxelles

 

 

Elle me croit strip-teaseuse dans un bordel, …ou mannequin dans une agence de publicité…, hôtesse de l’air…, secrétaire particulière d’un petit patron quelconque…, ou encore assistante sociale accueillant avec le sourire toute la misère du monde…

 

Elle croit que quand j’ai fini ma journée de travail, je m’attaque vaillamment aux deux autres, celle de mère de famille avec les deux enfants prescrits sur ordonnance par le docteur Bonheur, et celle d’épouse de bonne volonté décapsulant une bière « les hommes savent pourquoi » pour qu’il ne doive pas se lever pendant le match de foot et rater peut-être, juste à cause de ça, le meilleur moment des 90 minutes chronométrées.

 

Elle croit que quand je pense à mes consoeurs, les grillagées, les excisées, les pondeuses de batterie, les baiseuses à la chaîne, les travailleuses sous-payées, je n’ai que le temps de me dire, parmi mes mille occupations, que j’ai bien de la chance de ne pas connaître ce destin-là.  Et puis vite, pour me détendre et si le match est fini, regarder un petit épisode de desperate housewifes  avant d’aller dormir à côté de mon Morphée ronfleur. 

 

Tandis que moi,  je me réveille quand mon corps est d’accord …,  des enfants, je ne connais que ceux des autres et ça me suffit …,  j’ai dit adieu au système en quittant un boulot qui ne me laissait plus que le métro dodo, une fois la porte du bureau fermée, je vis pauvre mais dans l’abondance de moi-même…,  Morphée vient ronfler chez moi de temps en temps…, mais avant ça on ne regarde pas le match ni desperate housewifes, on parle, on danse, on chante, on boit du vin, on cultive la joie d’être ensemble.  Et quand vient le temps de se décapsuler … ce ne sont pas que les hommes qui savent pourquoi !       

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