l'homme à l'envers - Fred Vargas

l'amour  vous donne des ailes pour vous scier les jambes, ça ne vaut  donc pas trop le coup.  En gros, avec l'amour, si vous n'aimez pas quelqu'un, il reste, et si vous aimez quelqu'un, il s'en va.  Un système simple, sans surprise, qui engendre immanquablement un grand ennui ou une catastrophe.  Tout cela pour vingt jours d'émerveillement, ça ne vaut pas trop le coup.  L'amour qui dure, l'amour qui fonde, l'amour qui anoblit, sancifie, épure et répare, enfin tout ce qu'on imagine sur l'amour avant d'avoir vraiment essayé de se servir du truc, c'est une foutaise.  Voilà où j'en suis arrivée, après pas mal de déboires et une rude détresse.  Une foutaise, une duperie pour naïfs, une trouvaille pour narcissiques.  Cela ne m'empêche pas d'aimer X avec sincérité.  De l'apprécier, de l'admirer même parfois, de me chauffer contre lui.  En aucune façon, d'espérer quoi que ce soit.  Je ne retiens de l'amour que les envies immédiates et les sentimens à courte portée, emmurant tout idéal, toute espérance, toute grandeur.  Je n'attends presque rien de presque personne.  Je ne sais plus aimer qu'ainsi, dans un état d'esprit profiteur et bienveillant, touchant aux limites de l'indifférence    

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